L'homme peut avoir le sentiment de la
présence de la grâce divine dans sa vie,
c'est-à-dire qu'il peut avoir des
expériences spirituelles. L'Ecriture Sainte,
toutefois, recommande aux fidèles: "Bien-aimés,
ne croyez pas dans tous les esprits, mais
éprouvez les esprits pour voir s'ils sont de
Dieu". Elle souligne en outre que plusieurs
faux prophètes sont venus dans le monde et
elle montre de plus, des moyens pour pouvoir
juger et discerner les esprits de vérité de
l'esprit d'erreur, c'est-à-dire
l'authentique expérience de l'expérience de
contrefaçon (I Jean 4, 1-6).
Il faut souligner
d'emblée, que la Sainte Écriture ne place
pas l'expérience au centre de nos intérêts,
pas plus qu'elle ne l'élève à quelque chose
d'absolu. La foi en Jésus Christ, et non pas
l'expérience personnelle, est placée au
centre de la confession chrétienne. Cette
confession différencie l'Eglise chrétienne
de la synagogue hébraïque; on pensait que
quiconque confessait le Christ, reniait la
synagogue juive, et était déclaré exclu par
elle (Jn 2, 22 12.42.). L'expérience
chrétienne est modifiée par cette confession
[de Jésus-Christ] et n'est pas indépendante
de celle-ci (Rom. 10,9). La confession de
foi n'est pas le résultat de l'expérience,
mais exactement le contraire: l'expérience
est acquise dans l'unité avec la confession
et la vie de l'Église; ces deux facteurs
modifient et déterminent également l'authenticité
de l'expérience spirituelle. De cette
manière le chrétien orthodoxe n'est pas en
danger de tomber dans la subjectivité et
l'erreur, par l'expérience personnelle.
L'apôtre Paul ne fonde pas l'Evangile qu'il
prêche sur son expérience individuelle, mais
sur l'expérience des autres: Pierre, les
douze, les cinq cents, Jacques et le reste
des Apôtres. Il se présente comme le dernier
de tous, il dit, "le dernier de tous, comme
un avorton, Il [Le Christ] est même apparu à
moi", afin d'ajouter plus loin, qu'il est ce
qu'il est par la grâce de Dieu. "Ainsi donc,
que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce
que nous prêchons, et c'est ce que vous avez
cru.," conclut-il, "(I Cor. 15, 1-11). Il ne
se coupe pas de l'Eglise, et il ne se base
pas non plus sur son expérience personnelle,
sur laquelle il n'insiste même pas.
Le contenu de la foi, alors, n'est ni
conditionné, ni formé par l'expérience
personnelle de chacun, mais est transmis et
est reçu dans l'Eglise (I Tim. 6,20. II Tim.
1,14. 2,2. Jude 3 ). "Comme les prophètes
ont vu, que les apôtres ont enseigné, comme
l'Eglise a reçu, comme les enseignants ont
dogmatisé ... comme la vérité a été prouvée...
Ainsi, croyons-nous, ainsi parlons-nous,
ainsi déclarons-nous" (Septième Concile
Œcuménique).
Que le contenu de la foi constitue la norme
et la mesure par laquelle le sérieux de
l'expérience est mesuré, on peut le voir
dans l'exemple de saint Thomas pour qui,
comme les Judéens, "le signe", l'expérience
du miracle, avait une signification
primordiale. Ceci, cependant, est vaincu par
les paroles du Christ: "Heureux ceux qui ne
voient pas et pourtant croient",
c'est-à-dire heureux ceux qui ne se fondent
pas sur leur expérience personnelle (Jn 20,
28-29).
Une autre "mesure et norme" pour déterminer
l'authenticité de l'expérience est
l'obéissance aux enseignements du Christ;
l'apôtre souligne que celui qui viole et ne
respecte pas les enseignements du Christ "n'a
pas Dieu" (Jn II, 9.). Toute la vie
spirituelle du croyant est entendue, bien
sûr, comme la vie dans l'Esprit Saint, comme
un don de l'Esprit Saint Qui est le fruit de
l'Amour de Dieu. Comme nous l'avons déjà
mentionné, les dons de Dieu qui sont une
offrande d'amour, présupposent l'acceptation
complète de cet amour de la part de l'homme.
L'homme prouve son profond désir d'accepter
l'amour de Dieu en Lui offrant son amour
complet, il doit humilier son esprit, sa
chair, avec ses passions et ses désirs et
offrir tout son être à Dieu (Matth. 22,37 Rm
5,.. 1-2. Gal. 5,24). Dieu accepte cette
offre et avec sa grâce, Il sanctifie et
transforme les œuvres de l'homme humble en
dons de l'Esprit Saint qui sont joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, foi,
douceur, maîtrise de soi et surtout, amour
(Gal. 5, 22-23), le plus grand don de
l'Esprit Saint. Sans cette humilité totale
de la part de l'homme, des expériences
spirituelles ne sont pas accordées, et, si
elles existent, elles ne viennent pas de
l'esprit de Dieu (Jacques 4, 6 I Pierre
5,5.).
Les expériences des saints en Jésus-Christ,
ont toutes les caractéristiques dont nous
avons parlé. Elles ont été les expériences
de l'Église et non des individus. Par
conséquent, tous ceux qui ont mis en avant
des expériences spirituelles et des "signes"
sans les caractéristiques que nous avons
évoquées qui les accompagnent, ont été
trompés par l'esprit d'erreur. Ces fausses expériences
sont déjà connues dans l'Ancien Testament,
et même, de l'extérieur, elles apparaissent
comme étant semblables à des expériences [spirituelles]
véritables (Exode 7, 10-11, 20-22. 8, 18).
Le Christ Lui-même nous a informés que les
faux messies, les faux docteurs et les faux
prophètes feraient des "signes", afin de
susciter la confusion et de tromper, si
possible, même les élus, (Matth. 24, 24-25
Cf. Apoc 13, 12.. - 18).
L'apôtre Paul informe les chrétiens de
Corinthe que la référence est ici pour de
faux apôtres et des "ouvriers trompeurs" qui
se déguisent en apôtres du Christ, tout
comme Satan "se transforme en un ange de
lumière". Il n'est donc pas surprenant,
l'apôtre conclut, que les serviteurs du
Diable aussi se déguisent en ministres de
justice. Leur fin sera à la mesure de leurs
actes! (Cor II. 11, 13-15).